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Photo du rédacteurFrançoise ROUET

Nos entreprises feront masqués



La Dépêche - Publié le 20/08/2020 à 05:07 , mis à jour à 05:15

l'annonce du caractère obligatoire des masques en entreprise à compter du 1er septembre est un problème supplémentaire au menu de la rentrée des sociétés. Mais patrons comme salariés sont unanimes : la santé doit primer.

Les masques en entreprise, on y avait déjà pris goût dans certains pans de l’économie. Ainsi des métiers en contact direct avec le public, et notamment ceux du tourisme qui pèsent dans l’économie locale (lire ci-contre), ou dans le sanitaire. Mais au 1er septembre, le port du masque sera généralisé dans les espaces de travail collaboratifs clos. Une annonce qui a surpris les chefs d’entreprise bigourdans mais à laquelle ils vont se plier. "On le fera mais je considère qu’on va trop loin, pointe Michel Puyet, le président de CPME 65, à la tête d’un centre de formation. On a recensé 37 clusters pour près de 2 millions d’entreprises qui ont déjà fait des efforts d’équipement." Pour sa société, Michel Puyet estime la facture dédiée aux équipements sanitaires à près de 5 000 €. "Le capital humain, pour nos TPE et PME, c’est primordial. Nous sommes soucieux de les protéger, mais cette généralisation est arbitraire et excessive et ne tient pas compte de la réalité du terrain. On impose des choses aux entreprises qu’on n’exige pas du citoyen."


La question du financement de ces équipements alimente aussi les inconnues de la rentrée. "À 25 € la boîte de 50 masques, ça représente vite un coût pour les sociétés, explique François-Xavier Brunet, le président de la CCI, qui a fait le stock pour ses salariés. La santé et la sécurité au travail relèvent de la compétence de l’employeur. C’est une contrainte moindre que de remettre tout le pays à l’arrêt. Maintenant, il faut que les Français appliquent les règles sanitaires. C’est la priorité avec la relance économique."

De nouveaux dispositifs qui pourraient accélérer le développement du télétravail, qui reste une tendance "à la marge sur le département" selon le président de la CCI. Avec ses vastes espaces de coworking, le centre d’appels Sitel à Juillan a anticipé ces nouvelles mesures. "Nous avons équipé chaque poste de protection en plexiglas. Si les managers ont des masques, les salariés ne sont tenus de les porter dès qu’ils quittent leur poste. Parler au bout du fil pendant sept heures avec un masque, c’est difficilement supportable, explique Isabelle Chaudy, la responsable du centre d’appels qui se développe encore et va atteindre les 800 employés, dont près de la moitié travaillera depuis leur domicile. Quelque part, on se prépare aussi pour la rentrée et une éventuelle seconde vague…"

Du côté des salariés, le dispositif ne suscite guère plus d’enthousiasme. "Il faut une vraie solution d’ensemble. Si le masque obligatoire est la seule réponse qu’on peut avoir, on est loin du compte. C’est différent selon les professions, analyse Angélique Samaran, chef de file de la CGT où les réunions se tiennent masqués. Aujourd’hui, ce sont les salariés qui se paient parfois leurs masques, aussi bien dans des entreprises que dans des collectivités. Ce n’est pas normal." Et d’aller plus loin : "Ça pose la question des conditions de travail, de la ventilation des locaux, de la rotation du personnel sur place. On regarde trop par le petit bout de la lorgnette."


hôtels déjà le cas

"Pour nous, le 1er septembre n’engendrera pas de changement." Président de l’UMIH, Christian Gelis, hôtelier lourdais, a essuyé les plâtres du masque en entreprise, conformément au protocole sanitaire mis en place dans la filière depuis la réouverture. "L’employeur est tenu de fournir à son personnel tous ces moyens de protection, poursuit-il. La CPAM nous a aidés pour les systèmes de protection fixes. Mais pas pour les masques ou les produits d’entretien. Pour les hôteliers, ça augmente le prix de revient de 4-5€ par client. Et ce n’est pas simple de le répercuter sur le prix. C’est un coût à absorber alors que nos chiffres d’affaires se creusent." Aux deux masques fournis quotidiennement, s’ajoutent les gels hydroalcooliques et autres produits nettoyants. Pour autant, Christian Gelis pointe que le port du masque a été bien accepté par le personnel des établissements.







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